3 questions à Joël Pedessac du Comité Français du Butane et du Propane

Le Comité Français du Butane et du Propane (CFBP) joue un rôle essentiel au sein du marché de l’énergie gaz en France, œuvrant pour l’échange d’innovation entre les acteurs et facilitant le développement du butane et du propane. Maison et Energie fait le point sur le marché avec Joël Pedessac, Directeur général du CFBP.

Joël Pedessac, Directeur général du Comité Français du Butane et du Propane

Joël Pedessac, Directeur général du Comité Français du Butane et du Propane (CFBP).
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Maison et Energie : Quelle est l’opinion du CFBP au sujet de la Taxe Carbone ?
Joël Pedessac : Le butane et le propane, aussi appelés GPL, sont deux gaz naturels d’origine à la fois fossile et renouvelable. En tant qu’énergies fossiles, ces deux gaz sont soumis depuis un an à la TICPE et donc à la taxe carbone qui en est une composante. Ce sont des co-produits de l’extraction du gaz naturel et du raffinage qui étaient brûlés à l’origine dans les torchères. Du point de vue environnemental, il a été jugé plus pertinent d’inciter à la valorisation des gaz butane et propane comme énergie de chauffage plutôt que de les brûler sans mettre à profit leur forte densité énergétique, d’autant qu’elle fournit une solution moins carbonée que d’autres sur tout le territoire, y compris dans ceux non desservis par le réseau de gaz naturel (soit 27 000 communes). C’est l’une des raisons pour lesquelles cette exemption est permise par la Directive 2003/96/CE sur la fiscalité des énergies. Cette directive n’impose pas l’application de droits d’accise pour les gaz butane et propane. Ainsi, partout en Europe, le butane et le propane ont bénéficié ou bénéficient encore d’une exemption sur la fiscalité carbone.
Les distributeurs de butane propane participent également aux efforts pour limiter les émissions de CO2 par le développement du butane et du propane d’origine renouvelable, appelés « biobutane » et « biopropane » (ou « BioGPL »). Cette composante renouvelable permet de réduire jusqu’à 80% les émissions de CO2 comparé à la composante fossile. La taxe carbone est appliquée en fonction des émissions de CO2 de chaque énergie. Pour l’heure, le BioGPL est soumis au même niveau de taxe carbone que le butane propane d’origine fossile. Il serait logique d’appliquer une taxe carbone au BioGPL proportionnelle à ses émissions de CO2.
Il faut également prendre sérieusement en considération l’impact de cette taxe sur les foyers, a fortiori ceux en zones rurales, comme la crise liée aux prix des carburants et de l’énergie l’a montrée. La TICPE est de 6,63 c€/kg au 1er janvier 2019.

Maison et Energie : Face au développement du mix énergétique initié par la politique de Transition énergétique (PPE), c’est à dire face à l’apparition et au développement de nouvelles sources d’énergie, comment évolue le marché des solutions butane et propane de manière globale ? Et comment évolue-t-il selon le type de conditionnement (bouteilles, citernes, réseaux de gaz) ?
Joël Pedessac : La PPE vise la neutralité carbone et encourage les solutions qui pourront y contribuer. Les gaz sont les énergies fossiles les moins carbonées et vont devenir progressivement renouvelables (biogaz). Les gaz butane et propane sont ainsi complémentaires du gaz naturel et du biométhane puisqu’ils sont présents sur 100% du territoire. Ils fournissent ainsi une solution gaz dans les 27 000 communes non desservies par le réseau de gaz naturel.
Le marché des bouteilles, plutôt associés à la cuisson chez les particuliers, compte près de 11 millions de clients, soit un foyer sur 3 ! Le gaz est une énergie appréciée par les cuisiniers !
Près de 700 000 foyers recourent au propane en citerne pour se chauffer, disposer d’eau chaude ou cuisiner. Les installations de chaudière propane ont augmenté de 15% en 2018 comparé à l’année précédente.
Le marché des réseaux de propane est quant à lui en forte croissance. Sur 36 000 communes françaises, 70% d’entre elles ne sont pas desservies par les réseaux publics de gaz naturel. Pour les collectivités, les bailleurs sociaux et copropriétés, c’est une solution d’approvisionnement « clé en main » : le consommateur ne s’occupe pas du réapprovisionnement, paie à la consommation et bénéficie d’un tarif plus attractif que s’il utilisait du gaz en bouteille voire en citerne. On compte actuellement 3 760 réseaux de propane, soit un doublement du nombre de réseau en 7 ans. Au total ce sont donc actuellement plus de 50 000 foyers qui profitent du raccordement à un réseau de gaz propane dans des communes non desservies par le gaz naturel.

Maison et Energie : Quels sont les avantages d’une chaudière à gaz par rapport à des chaudières alimentées par d’autres sources d’énergie ?
Joël Pedessac : Les chaudières gaz répondent aux exigences des règlementations thermiques actuellement en vigueur dans les bâtiments neufs et existants grâce à leurs caractéristiques énergétiques et environnementales, leur souplesse d’utilisation, le rendement élevé des équipements de chauffage et à leur facilité de couplage avec des énergies renouvelables (chaudières condensation, chaudières hybrides, micro-cogénération, couplage gaz-solaire et gaz-bois).
Murale ou au sol, une chaudière fonctionnant avec du gaz propane offre les mêmes avantage que celle fonctionnant au gaz naturel : une solution compétitive, flexible et moins émissive que d’autres sources d’énergie. De nouvelles technologies de production de chaleur et d’électricité à partir de gaz – dont le propane – permettent de réduire les consommations liées au chauffage et à la production d’eau chaude sanitaire. Le propane accompagne ces innovations : il complète les performances des nouvelles solutions et réduit les émissions de CO2 et de polluants comparé à d’autres énergies comme le fioul.
De fait, le gouvernement oriente les aides vers les solutions les moins carbonées. Dans la version 2019 du CITE, le particulier peut bénéficier d’un crédit d’impôt de 50% pour la dépose d’une cuve fioul et de 30% pour l’installation d’une chaudière gaz à très haute performance énergétique. A noter que remplacer une vieille chaudière fioul par une chaudière à condensation gaz permet d’économiser jusqu’à 30% d’énergie et de réduire les émissions de CO2 jusqu’à 50%. De plus, la combustion du gaz propane ne génère pas d’émissions de particules fines, d’oxydes d’azote ni de fumées grasses. Grâce à cette combustion propre, la durée de vie des installations propane est plus longue.

Propos recueillis par Olivier Roussard

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